Webaldic est un service en ligne qui permet d’identifier l’origine d’un blason à partir d’une simple image d’une armoirie. C’est un projet à la confluence d’une science ancienne et parfois considérée comme désuète, l’héraldique, et du tout dernier cri de la technologie moderne, l’intelligence artificielle. Car c’est bien l’IA, combinée à un corpus de près de 4 millions d’armoiries tirées de plus de 12000 sources, qui a permis à ce projet original de voir le jour.
L’IA au service de l’héraldique
Moyennant la souscription d’un abonnement, le service permet à partir de l’upload d’un fichier d’image de se voir proposer les notices d’armoiries les plus proches graphiquement du fichier d’origine. A noter donc que le programme ne tente pas de reconstituer le blasonnement comme le fait tout amateur d’héraldique qui essaye d’identifier des armes mais convertit le dessin héraldique en représentations vectorielles et compare ces vecteurs en fonction de leur similarité en utilisant des techniques d’apprentissage profond pour en extraire des caractéristiques pertinentes.
Bref pratiquement, cela donne ceci. L’image est d’abord uploadée et ajustée. Il est possible de faire une recherche par filtre, géographique en particulier.
Puis le logiciel fournit une liste de résultats du visuellement le plus proche de l’image uploadée à la plus lointaine.
Ci-dessous, on peut ainsi voir que les quatre premiers résultats de quatre sources différentes ont été correctement identifiées (armoiries Von Kursell).
Chaque résultat est sourcé.
La recherche fonctionne également pour des supports moins évidents comme ici avec cette gravure décorant le boitier d’une montre à gousset.
Il est parfois nécessaire de zoomer afin de ne cadrer que les armoiries comme ici (armoiries du comte russe Miloradovic).
A noter qu’il est parfois possible de cliquer sur la source. Les armoiries répertoriées peuvent en effet provenir d’une collection publique ou bien de la numérisation d’un ouvrage dont les images ne sont pas libres de droit mais dont les auteurs ont accepté d’être présents dans la base modulo qu’un lien vers leur ouvrage soit affiché.
Il en va de même pour une petite image comme ici ce portrait de femme illustré par le blason de la défunte.
Et même pour une image en définition relativement basse, le système arrive à trouver des résultats probants (ici les armoiries du Limbourgeois Arnold Huyn d’Amstenraedt).
De la surveillance de marques à l’identification d’armoiries
Le concept de Webaldic est né pendant la crise Covid et le confinement qui est allé avec. C’est parce que son père, qui ne pouvait donc plus se déplacer, lui demandait régulièrement d’identifier des armoiries que Evrard van Zuylen a développé le programme qui allait devenir le moteur du futur projet Webaldic. Ce développement ne venait toutefois pas de nulle part : Evrard van Zuylen a en effet dirigé et développé une société de services de pointe en matière de propriété intellectuelle qui peu avant sa cession fin 2019 à un groupe américain, avait développé un algorithme de reconnaissance de logos. Des logos aux armoiries, il n’y avait qu’un pas à franchir, c’est ainsi que Webaldic est né.
Le service n’est donc pas basé sur les modèles de reconnaissance d’images des grands acteurs du cloud (Microsoft Azure AI Vision, Amazon AWS Rekognition, Google Vision AI) mais sur un développement maison spécialement conçu pour traiter des questions héraldiques. L’algorithme est ainsi capable de repérer des détails qu’un algorithme standard aurait peut-être du mal à identifier. Comme par exemple ici avec cette couronne qui entoure le cou d’un cygne.
Et les résultats montrent que la couronne a bien été correctement identifiée.
Sources héraldiques
Comme pour la précédente société d’Evrard van Zuylen qui compilait des milliers de jurisprudences, décisions judiciaires et autres jugements concernant des litiges relatifs aux marques, aux logos et aux brevets, le projet Webaldic repose également sur une base de données mondiale comprenant plus de 4 millions d’armoiries.
Cette base est alimentée bien évidemment à partir des ouvrages numérisés par les grandes bibliothèques mondiales et mise à disposition de la communauté des chercheurs. Avec le temps, il a numérisé ou fait numériser de nombreux ouvrages d’héraldique ; dans ce cas-là les sources sont bien indiquées comme non libre de droits même si souvent Evrard contacte les ayant droits qui acceptent en général bien volontiers d’être ajouté comme sources.
Plus original, Evrard profite de ses voyages en Europe pour numériser de nouvelles sources ; les musées épiscopaux sont en particulier des sources et souvent originales d’armoiries pas toujours répertoriées.
Start-up héraldique
L’héraldique est en général une affaire de passionnés d’histoire et de professeurs d’histoire de l’art ou d’histoire tout court. Le marché potentiel d’un outil payant d’identification d’armoiries n’est donc pas évident à identifier. Et pourtant il existe. Mais il faut alors chercher plutôt du côté des généalogistes (professionnels) et surtout des antiquaires. Ces derniers sont en effet capables de valoriser économiquement l’identification une armoirie sur un objet qui prendra mécaniquement plus de valeur si on est capable d’en retracer l’histoire ou de l’associer à telle ou telle famille historique.
On peut trouver également des usages plus insolites à l’image de cet artiste héraldiste qui se sert de Webaldic comme source d’inspiration, identifier les différentes manières de représenter une figure ou bien d’imiter un style historique.
L’offre commerciale est calculée sur la base d’un abonnement annuel ou d’un usage limité à 10 jours par an et se décline par typologie d’utilisateurs : personnel, recherche académique ou professionnel pour un coût qui va de 12 € à 33 € par mois en abonnement annuel et de 6 € à 15 € par mois en accès ponctuel.
En savoir plus: Webaldic, le site et la page contact si vous voulez contacter l’équipe.
Bonjour,
je voudrais retrouver l’appartenance d’un blason figurant sur un meuble d’origine teutonne.
Cordialement, Ch de Ghellinck