Armoiries aux Jacobins
Création de blason aux Jacobins

L’équipe de médiation culturelle du couvent des Jacobins à Toulouse organise des visites originales pour les enfants avec pour fil conducteur : l’héraldique. L’occasion de redécouvrir ce magnifique monument avec un autre regard.

Note au lecteur: les photos ne sont pas extraordinaires et la transcription des explications parfois approximatives; pas facile d’écouter, prendre des notes et surveiller des enfants…). N’hésitez pas à corriger en commentaires ou par Planète héraldique.

Un peu d’histoire

La première église des Jacobins date de 1229. A l’époque, déjà entièrement construite de briques rouges, elle est relativement petite et peu haute (13,6m). Dans le dernier quart du XIIIe siècle, et afin de soutenir la comparaison avec les églises gothiques qui se multipliaient, l’église des Jacobins est agrandie vers l’Est et l’Ouest et surtout surélevée : trois colonnes de 22 mètres portent désormais une voûte de 28 mètres et dessinent ces fameux « palmiers » qui ont fait la célébrité des Jacobins. Les travaux d’agrandissement ne se termineront qu’à la fin du premier quart du XIVe siècle.

Armoiries de Hugues de Palaïs

Des capitouls mécènes

Ces travaux sont financés par de grandes familles toulousaines, la plupart du temps des Capitouls, dont on retrouve les écus peints dans différentes parties de l’église. Au chevet de l’église, on peut ainsi repérer le blason d’Hugues de Palaïs : de gueules à six palets (besants) d’or. Il ornait également son sarcophage déplacé depuis au Musée des Augustins.

Un peu plus loin sur la voûte d’une chapelle latérale on peut voir le blason d’une famille d’architectes, les Lorda (orthographe non garantie) avec un écu qui blasonnerait comme suit : d’or à la croix de gueules. Et plus loin encore, l’écu des Vinasse (orthographe non garantie également), banquiers de leur état, devenus capitouls dont l’écu représente un château sur fond d’or. Mais il faut de bons yeux et un peu d’imagination pour identifier les motifs. Il en va de même pour le blason sur fond azur du chevalier Bernard de Morlanne.

Habits héraldiques

Pendant la visite, les enfants ont la possibilité d’essayer des vêtements armoriés à l’image de ce tabar des comtes de Foix et vicomtes du Béarn (Écartelé en 1 et 4 d’or aux trois pals de gueules et en 2 et 3 d’or aux deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d’azur, passant l’une sur l’autre) ou du costume de capitoul (noir & rouge qui rappelle les couleurs actuelles du Stade Toulousain).
Ils ont pu également essayer des habits aux armes du roi de France (d’azur semé de fleurs de lys d’or) ou celles des comtes de Toulouse (de gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée d’or).

Tabar de Foix-Béarn
Habits de capitoul
Habits armoriés de France
Habits armoriés de France et de Toulouse

Un cardinal généreux mais intrigant

Dans le fond de l’église on peut admirer les armes du cardinal Guillaume de Peyre de Godin, dominicain de son état et grand donateur. Son écu, celui de la famille Godin de Bayonne, est un peu compliqué et pourrait se blasonner comme suit : parti au 1 d’or, à trois fasces de gueules ; au 2, coupé : de gueules, à l’église à 4 tours d’or sur une onde d’azur ; et d’or, à l’arbre arraché de sinople. Elles encadrent à gauche, les armes des rois de France (d’azur semé de fleurs de lys d’or) et à droite les armes des comtes de Toulouse (de gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée d’or la fameuse croix raymondine communément appelée croix de Toulouse). A noter que les armoiries de France ont été restaurées par un artiste peu inspiré puisqu’il a semé ses fleurs de lys sur un très déroutant fond de gueules.

Armoiries des comtes de Toulouse
Armoiries du cardinal Guillaume de Peyre de Godin
Armoiries de France un peu bizarres

La salle capitulaire

La visite se poursuit dans la salle capitulaire du couvent, l’occasion de découvrir l’écu de Arnaud de Villars (de gueules aux quatre pals d’or), bienfaiteur du couvent et qui fut évêque d’Alet. Ce dernier est entré dans l’histoire pour avoir participé à la tentative d’assassinat du pape Jean XXII par une conjuration l’associant à l’évêque de Cahors et celui de Toulouse.

Sur les murs de la salle capitulaire, on peut également deviner l’écu (un des écus) de l’ordre des frères prêcheurs également connus sous le nom de Dominicains et qui blasonne comme suit : d’argent, chapé de sable (armoiries du pape dominicain Innocent V).

La chapelle Saint Antonin

La visite se termine dans la chapelle Saint Antonin qui jouxte la salle capitulaire. Cette dernière est décorée des armes du théologien dominicain spécialiste du thomisme, légat du pape et évêque de Pamier qui fit partie de la commission qui a condamné les thèses de Guillaume d’Ockkham, Dominique Grima. On retrouve dans ses armes, la barque de Saint Antonin, le lion d’azur d’or de Jean XXII entouré de besants de gueules et les couleurs des dominicains (sable et argent).

Eglise Saint-Antonin, Couvent des Jacobins à Toulouse

Atelier de création de blason

A la fin de la visite, les enfants sont invités à créer un blason à partir de collage d’éléments prédéfinis (formes et meubles), l’occasion pour les animateurs d’initier les enfants à la règle de contrariété des couleurs qui interdit de superposer émaux sur émaux (gueules, sinople, sable et azur) ou métal sur métal (argent et or).
A noter que le jour de la visite, une famille essayait non d’inventer un blason mais de recréer leur blason familial. Un petit zoom sur leur modèle montre qu’il s’agit du blason de la famille Cheynet de Beaupré. Une rapide recherche sur internet permet de découvrir que ce nom est associé à une sombre histoire de falsification d’actes état civil et d’archives nationales visant à essayer de démontrer l’ascendance aristocratique (inventée) d’une branche de la famille Cheynet.

Atelier blason aux Jacobins
Affaire Cheynet de Beaupré