Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Silvia Amadei, native de Rimini où je vis et travaille encore aujourd’hui comme graphiste et illustratrice freelance.
J’ai fait mes études de graphiste à la Libera Accademia di Belle Arti (LABA) de Rimini dont je suis sortie diplômée en 2017. L’Académie a constitué pour moi un terreau fertile pour mon éducation. C’est là que j’ai trouvé une manière d’exprimer une passion ancienne : celle des symboles. A mes yeux et depuis toujours, même enfant, les symboles ont toujours dégagé un magnétisme inexplicable, presque magique et cela explique ma passion pour le monde du graphisme et du dessin de logotype.
Cette passion pour les symboles se retrouvent dans toute mon œuvre : si vous jetez un œil sur mon site, vous noterez certainement mon intérêt pour l’alchimie et le moyen-âge, deux mondes remplis d’allégories et de symboles, deux mondes dont j’aime dessiner l’essence et les recontextualiser dans un langage contemporain.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre processus de création ?
Mon travail va bien sûr au-delà de ces deux centres d’intérêt. Je n’aime pas trop rester dans ma zone de confort et suis toujours attirée au contraire, par le grand large. De fait, mon travail est indubitablement tiré par la curiosité. J’accepte toujours avec enthousiasme stimuli et propositions de l’extérieur. J’aime apprendre et expérimenter de nouvelles choses, découvrir de nouveaux territoires et enrichir ainsi ma palette de compétences.
C’est pour cela aussi que lorsque je publie une création, il est important que je montre le processus créatif qui conduit à l’œuvre finale, l’iconographie qui a servi d’inspiration, l’étude de la typographie, la phase de conception… afin de montrer que rien n’est créé au hasard ou ne peut être assimilé à un exercice de style.
Les racines de le création graphique se trouvent dans la recherche, le questionnement de soi-même et dans la curiosité. Je pense que cette insatiable curiosité, ce regard nouveau sur les choses, est le principe vital de mon travail. Qui peut être résumé par cette citation [attribuée à William Schedd] : « Un bateau à quai est en sécurité. Mais ce n’est pas ce pour quoi les bateaux ont été construits. »
Comment en êtes-vous venus à faire des projets “héraldiques” ?
Cet intérêt pour l’héraldique me vient de ma passion profonde pour cet art ancien, très médiéval, probablement favorisé par le fait que ma région natale est située à la bordure de la vallée de la Marecchia. L’Italie, en général, est un pays extrêmement riche du point de vue héraldique : on retrouve des blasons sur les murs des palais, sur des fresques, des murs d’église, des intérieurs de châteaux, etc. Je me considère très chanceuse d’être ainsi constamment baigné dans cet univers.
Je peux dire que j’ai trouvé dans l’héraldique mon locus amœnus [lieu idyllique] : elle combine l’essence de l’art médiéval avec le symbolisme. Je trouve que l’union de ces deux éléments a donné naissance à un langage métaphorique que je trouve extrêmement fascinant.
De surcroît, l’héraldique peut être considéré comme l’ancêtre des logos modernes ce qui explique pourquoi j’ai décidé de l’incorporer dans mes créations graphiques.
Pouvez-vous nous dire quelques mots du projet “I Cavalieri del Torneo Medievale” ?
Ce projet est né comme un défi, ou peut-être devrais-je dire un duel : je voulais re-penser l’héraldique ancienne avec un vocabulaire contemporain, un langage aussi proche que possible que celui des logos contemporains. Mais par-dessus tout, je voulais redécouvrir les origines de l’identité visuelle telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Je me suis fait la main en faisant des recherches sur l’héraldique ancienne telle qu’elle existait alors, et j’ai essayé de styliser et redessiner les signes.
D’où l’idée d’avoir trente chevaliers « portant » l’héraldique dans un tournoi médiéval [trente et un avec celui réalisé pour l’éditeur de Planète héraldique]. Il s’est agi de créer l’identité visuelle de chacun des chevaliers d’un tournoi, se présentant à ce dernier avec eux leur écu présent sur leur bouclier, cimier et autre caparaçon [housse d’ornement habillant le cheval du chevalier].
Comme expliqué dans la présentation du projet : « Trente sont les chevaliers et trente sont les blasons et les cimiers dessinés pour chacun d’entre eux : animaux, humain et figures chimériques, plantes et objets inanimés, combinés à des couleurs vibrantes sont des symboles identifiables qui disent la personnalité de chacun des chevaliers. »
Un gros travail a également été mené pour nommer les chevaliers : ils ne sont pas aléatoires mais extraits des attributs héraldiques trouvé dans le lexique de l’héraldique.
Cet effort a donné naissance a une série d’impressions limitées (100 éditions pour chaque chevalier) numérotés et signés par moi. Effectivement, le marché cible constitue une petite niche et à date, seulement quelques personnes intéressées par ce type de sujets m’ont contacté (de différentes parties du monde et de mon propre pays) ce qui me fait vraiment plaisir car mes impressions sont allées chez des personnes qui apprécient mon travail pour sa valeur.
Vous travaillez sur quel type de projet en ce moment ?
Pour rester dans l’esprit médiéval, je peux seulement dire que je travaille sur un projet en 3D, une sculpture papier qui incorporera un accessoire médiéval très spécial 😉
Découvrir les 30 chevaliers du très beau projet I Cavalieri del Torneo Medievale sur le site de Silvia ou bien sur sa page Béhance.
Et découvrez le 31e chevalier: l’adaptation du concept au blason du rédac chef de Planète héraldique sur Loubet.fr.